undefined

 

J'apporterai bientôt ma première contribution à la rubrique "lu" de ce site. Je le rappelle, cette rubrique aura pour but de donner mon avis sur des œuvres que j'ai lues, ce qu’on appelle communément une critique.... au risque de vous étonner, je peux d'ores et déjà annoncer que dans cette rubrique il n'y aura pas l'ombre d'une mauvaise critique, je les trouve inutiles, voire dangereuses et je m'en vais vous dire pourquoi.

Trop souvent en lisant de mauvaises critiques, j'ai eu la sensation de lire une décision de justice, dans les mots du critique, déjà la peine à encourir et un artiste qu’on pousse de force sur les premières marches d’un échafaud. On y trouve parfois une violence inouïe qu’on a eu du mal à concevoir. Difficile d’imaginer que de la littéraire même mauvaise, puisse inspirée tant de haine, c’est exagéré quand le critique devient ce cabot qui ne veut que divertir les foules en jetant ses fruits pourris à la tête des autres.

Là est tout le problème, une poignée de critiques dans le domaine artistique aiment se livrer à ce qui est à mes yeux qu’un jeu de massacre vaguement esthétique, un exercice qui ne consisterait qu’à étaler son verbe dans un assemblage de phrases chics et chocs. On croirait de l’escrime, pas chassés, coups d’estoc et de taille... Il y a méprise, le style flamboyant et la volubilité confondus avec de la prose tout juste rageuse. Il faudrait que ce soit bien meilleur, pour que le texte du critique se suffise à lui-même et qu’on en pardonne la bassesse.

Donner son avis, ce n'est pas une chose à prendre à la légère. C'est donner deux directions à ses mots. L'une va vers l'auteur de l’œuvre, l'autre vers une pléthore d'inconnus qu'on aimerait voir marcher dans nos pas. Il est évident qu’en critiquant on ne doit pas s’adresser à quelques camarades dans l’unique objectif de les faire pour pouffer, ce qu’on observe bien trop souvent…
Plus on est un critique suivi, plus notre responsabilité est grande. Le danger évidemment est de se montrer docte ou d’user d’un ton sans réplique comme si chacun de nos mots contenait une sagesse infinie et inattaquable. La charge des portraits doit résider dans les sentiments hostiles qu’on y met, ceux qui rendent les opinions catégoriques, car les forts sentiments n’ont jamais fait dans la nuance. Personnellement, je ne prends pas la responsabilité de détourner un lecteur d'une lecture susceptible de lui plaire… Au pire, me dis-je, la mauvaise littérature n’a jamais tué qui que ce soit... Qui suis-je d'ailleurs, pour juger pour autrui ce qui est bon ou mauvais. Il en va de même pour les critiques reconnus, aussi pertinent soit leur analyse, aussi expérimentés soient-ils, leur opinion savamment construite n’a pour base que leur seule vérité, il serait donc sage de rester critique vis-à-vis des critiques.

Être un suiveur, c’est humain et un peu tendance... On arrive à remettre en cause un avis, mais qui ne serait pas tenté d’en suivre 5000 ? Il faut voir comment nous motivons nos achats et réservations sur internet. Un excellent restaurant aujourd’hui s’estime plus aux étoiles délivrées par les internautes que par celles attribuées par le guide Michelin ! Parlons-en de ces internautes, ces parfaits inconnus, robots humains ou non, plus ils sont nombreux, plus on a envie de les croire, on pense que c’est du bon sens, c’est en réalité un biais cognitif.

Mais finalement ce qui m’agace le plus dans certaines critiques, c’est le manque de bienveillance qu’on y met. Laissons la méchanceté aux méchants et ne sanctionnons que ce qui est délibéré, croyez-vous que les auteurs décident sciemment d’écrire de la mauvaise prose ? C’est mal connaitre le processus de création artistique, ce lieu où l'on met tellement de soi, d’espoir et d’énergie. Le lien est étroit entre l’artiste et son œuvre, évitons de blesser l’un en s’attaquant à l’autre. La liberté d’expression nous permet de faire toute sorte de critiques, mais n’en faisons pas qu’un exercice sauvage, une agression, la baffe qu’on donne en passant et qui précède notre fuite que l'on fait en courant de peur des représailles.

Pour conclure, je citerai mon père lors de mes jeunes années: "tu as le droit de ne pas aimer ta soupe, mais n’en dégoûte pas les autres".